vendredi 23 mars 2007

Des anges et des démons

12. C’est parce que dans les abîmes de mon for intérieur se débattent – j’étais tout prêt à écrire les anges du Paradis et les démons de chez « Inferno », mais c’est le discours d’un autre – se débattent, disais-je, tous les groupes sanguins des Balkans, sauf celui albanais et, à mon grand regret, sauf ‘lui grec.[1]


Mon for intérieur
. Ironie très fine à l’adresse de ceux qui emploient l’expression sans interroger sa référence ; e.g. j’ai lu plus d’une dizaine de bouquins au sujet de la conscience, (dont notamment celui de Searle), et je n’en sais rien, comme dit l’autre, c’est-à-dire Gilbert RYLE.

Les anges du Paradis et les démons de chez « Inferno ». Confusion ? On ne connaît rien au sujet de cette phrase. Cependant, les anges sont attestés en deux contextes : les anges de Hill et les anges de Hell, à savoir quelques belles jeunes filles et plusieurs bykers barbus. Quant à l’ « Inferno », Damon Deville[2] suppose qu’il s’agisse d’une boîte située à côté du cloître où le Saint a rédigé ses Confessions. Le Paradis serait, par voie de conséquence, une autre boîte. D’où l’hypothèse que les anges et les démons seraient des bandes qui y chantaient, jouaient et dansaient[3] (plusieurs autres sources nous en renseignent).

C’est le discours d’un autre. Le discours d’un autre tient à l’altérité, qui est peut être le thème privilégié des Confessions. Au fond, peu importe qui est cet « autre ». Néanmoins, il faut noter que Vl. Jankélévitch[4] est persuadé qu’il s’agit de Cioran, personnage autrement inconnu.

Les Balkans. Pays utopique, inventé par Hérodote, où le Saint a projeté plusieurs de ses fantasmes.

Sauf ‘lui grec. A cet égard, voir la recherche exhaustive de Johannes Doe[5].



[1] Chez Maria TODOROVA, Les mythes des Balkans. Essai de déconstruction, Paris, Editions Imaginaires, 2000, p. 359.

[2] « Autour de la signification du nom ‘Inferno’, I, 12 », in R.E.M., XV, 1992, pp. 213-266.

[3] Cf. aussi Martin Amis, The Moronic Inferno, New Stultitia, Alexander Pope, Editeur, 1999.

[4] L’ironie, Paris, Edition des Editions, 1937, p. 81 sqq.

[5] Bibliographische, biographische und psychologische Untersuchungen zur Sankt Mijomirs Leben und Werke, diss., Freiburg, 1925, notamment pp. 138-196.